Ferney: 4 ans sans crèche publique! Comment est ce possible?

La crèche « La Farandole », située au sein de l’école Calas, a fermé fin 2023. Une remise aux normes était pourtant programmée, mais les travaux n’ont jamais commencé. Imaginée en 2019, la crèche des Tattes ne verra finalement pas le jour avant 2027… Entre les deux, les familles de nourrissons ferneysiens sont orientées vers Prévessin, Ornex, voire Ségny… Pourquoi ce fiasco ?

Avant toute chose, il faut rappeler que les deux analyses de besoins sociaux (2018 et 2023) réalisées par le CCAS montrent la difficulté qu’ont les familles à demeurer à Ferney : peu de grands logements ou des loyers trop élevés, parkings limités, communes voisines réputées plus accueillantes pour cette catégorie d’habitants. Inutile de préciser qu’avec la fermeture de La Farandole, un coup supplémentaire est porté à nos concitoyens.

La Farandole est une crèche de 40 berceaux conçue dans les années 1990 ; une rénovation lourde (avec diminution du nombres de berveaux à 30) avait été planifiée par Pays de Gex Agglo. Fermée à l’automne 2023, les travaux devaient débuter en janvier 2024… Mais, tout à coup, la ville – par la voix du maire – fait savoir à l’agglomération qu’elle souhaite récupérer les locaux, car les écoles de Ferney (faute de décision de construction) sont saturées… Et hop, tout s’arrête.

Et la crèche des Tattes?

Problème : dans le même temps, la crèche des Tattes n’a même pas encore fait l’objet d’un dépôt de permis ! Cela n’empêche d’ailleurs pas la mairie d’avoir placardé il y a quelques mois déjà un superbe panneau sur l’emplacement de l’ancienne maison Trioux annonçant avec enthousiasme un «PROCHAINEMENT», sans doute rassurant…

Le projet de la crèche des Tattes (24 berceaux) a été initié au tournant du mandat (2020), alors que nous étions encore en Politique de la Ville. L’opportunité de créer une crèche à la place de la « Maison Trioux » (en face de l’école Florian) est un atout pour un secteur qui s’est fortement densifié. Avec l’agglomération et les agents du service social/CCAS de Ferney – j’étais alors encore Maire-adjoint chargé des Solidarités – nous avons convenu d’un projet hybride : une crèche publique et un RAM*, mais qui fait aussi MAM** ! Cela permet d’envisager des places supplémentaires dans un cadre qui se rapproche de la crèche traditionnelle tout en bénéficiant de la crèche voisine pour des équipements mutualisés. Les MAM sont également un lieu de travail intéressant pour des nounous qui ne disposent pas d’un domicile adapté à la garde d’enfants (surface, configuration…).

Une salle de quartier aurait pu voir le jour!

Je souhaitais profiter de ce projet pour adjoindre une salle de quartier. Cet équipement aurait permis d’accueillir des formations, des séminaires ou des réunions associatives, ainsi que de petits événements familiaux… C’était sans compter sur la « bienveillance » de Monsieur le Maire, qui m’a déclaré un jour que ce n’était pas possible, que « l’agglo n’en veut pas »… Il se trouve que, le même jour, je recevais un courriel du directeur technique de l’agglo me précisant qu’il était encore possible de travailler à cette mutualisation… Merveilleux ou… écoeurant. Nous sommes alors en 2023… Quelques semaines plus tard, je démissionne de mon poste de maire-adjoint : ce dossier figure parmi les gouttes qui ont fait déborder le vase.

Avant de démissionner, et même un peu après, j’ai dû lutter pour que le RAM Calas soit réinstallé dans l’ancienne école maternelle de Ferney. En effet, il avait été « imaginé » par un (ou plusieurs) brillant(s) cerveau(x) que les AM*** ferneysiennes pouvaient se rendre à Prévessin ou à Ornex…

Quel bilan?

Au final, nous avons une crèche fermée que l’on imagine – faute de tout document factuel voté à ce jour – être implantée à Saint-Pierre ; une autre, pas encore construite, dont le permis n’est même pas encore déposé… Et cela dans une ville déjà peu attractive pour les familles, sur fond de baisse du nombre d’assistantes maternelles (-40 % depuis la crise sanitaire) et de crèches privées financièrement inaccessibles pour nombre d’habitants, certaines peinant d’ailleurs à fidéliser leur personnel…

Voilà un épisode peu glorieux de la relation entre la Ville et l’Agglo : l’incapacité actuelle de la municipalité à travailler stratégiquement sur des projets structurants – notre ville, fait rare pour une commune de cette taille, ne dispose d’aucun Plan pluriannuel d’investissement (PPI) – et, peut-être aussi, les concessions (ou, à tout le moins, le manque d’exigence légitime sur ce type de dossier) accordées à Pays de Gex Agglo dans l’espoir d’obtenir le déblocage d’autorisations d’urbanisme sur d’autres secteurs…

*RAM : Relais d’Assistantes Maternelles
**MAM : Maison d’Assistantes Maternelles
***AM : Assistante Maternelle